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Mon site sur la 2cv, les techniques, les évènements sportifs des 24h 2cv au "Dakar" avec ou sans commentaires.
25 septembre 2004

Jean-Claude Andruet une légende vivante du sport automobile Français, sur la voiture n° 4 aux 24h 2cv 2004....

Jean-Claude Andruet : Lettre à un passionné
extraits de la revue "Courir", numéro spécial du magazine Echappement (1984)

" J'ai souvent pensé écrire un livre qui aurait ressemblé à celui-ci. Désormais, lorsqu'un passionné m'abordera pour me demander des conseils pour courir, le premier que je lui donnerai sera de lire et surtout d'assimiler ce livre de Pierre Pagani dont vous trouverez un extrait ci-après. Alors il saura l'essentiel et la suite des événements ne dépendra plus, pour lui, que de sa motivation et de ses efforts.
Je voudrais encore ajouter une réflexion à ton livre, A mes débuts, il était moins coûteux de courir sans l'aide de la publicité, qu'aujourd'hui avec elle. Dès ma première saison de course je fus bénéficiaire : je n'aurais d'ailleurs pas eu les moyens de faire autrement. Mais il faut dire qu'à l'époque les voitures restaient proches de la série. On utilisait des pneus de série et les organisateurs acceptaient de perdre dé l'argent pour mettre sur pied une épreuve : ils se rattrapaient en organisant un bal, ou une tombola,,, les droits d'engagement étaient donc très faibles par rapport aux prix distribués qui permettaient aux vainqueurs des classes et des groupes de financer leur prochaine compétition.
Avec une R8 Gordini de 83 chevaux on se faisait un plaisir immense, que ce soit en circuit ou en rallye : et les spectateurs étaient émerveillés par les glissades. Malheureusement cet état d'esprit a disparu. Les organisateurs n'assument plus leur rôle pour la pérennité du sport automobile et l'éclosion de nouveaux talents. Il appartient aux législateurs de prendre conscience de cela et de mettre sur pied une vraie révolution sans laquelle les coûts actuels du sport automobile conduiront à l'asphyxie. J'espère retrouver bientôt sur les visages des pratiquants que je croiserai sur les routes, la joie de vivre que j'ai connue à mes débuts. "

L'Argent ?

Bien des rallymen sont frustrés parce qu'en reconnaissance ils ne sont passés que deux fois dans les spéciales quand certains de leurs concurrents ont eu le temps(et l'argent)de passer cinq fois. Parce qu'ils reconnaissent avec leur humble voiture de tous les jours , quand d'autres utilisent un « mulet ». Parce qu'ils ne disposent pas, durant la course, d'un choix de pneus aussi large, d'une assistance aussi importante, parce que leur moteur n'est pas tout à fait aussi affûté etc...etc... Ces différences existent malheureusement. Elles sont même la plus grande tare de ce merveilleux sport où l'importance du matériel est hélas excessive.
Tout pilote a rêvé d'une course où toutes les voitures seraient identiques et même tirées au sort avant le départ.

Probablement une utopie dans ce sport d'inégalités matérielles où même dans les épreuves dites «monotypes» où toutes les voitures sont théoriquement semblables, il existe des petites différences dues à la préparation...ou au hasard.

Il ne faut cependant pas dramatiser ces différences. A leurs débuts, Andruet, Ragnotti ou Fréquelin pilotaient des voitures inférieures à celles de bon nombre de leurs concurrents. Ca ne les empêchait pas de gagner.
Guy Fréquelin a remporté le rallye de la Haute Marne au volant d'une Renault 16 TS de série, et le Monte Carlo 1976 où il fut un moment en tête, il l'avait reconnu... en Peugeot 504 diesel.
L'Opel Kadett des tout débuts de Jean Ragnotti se contentait d'un moteur et de pneus de série. Andruet pilotait en course la Renault 8 Gordini qu'il utilisait chaque jour pour ses déplacements professionnels de représentant, et dans sa toute première saison, il enleva le rallye de Saint-Cloud au volant d'une Renault 8 de série, de 1000 cm3 de cylindrée, qu'il avait...louée chez Hertz la veille du départ !
Plus récemment, Bertrand Balas a dominé et gagné le groupe N au rallye de Monte Carlo 1982 au volant d'une Alfasud dont je peux assurer, qu'el le n'avait même pas les 95 chevaux du modèle de série, il était tombé sur un mauvais moteur et n'avait pas eu le temps de le faire véri- fier avant le départ. Balas n'en était pourtant qu'au quatrième rallye de sa jeune carrière.
Le Corse Jean-Pierre Deriu a réalisé de stupéfiantes performances au volant d'une Golf GTI de 130,000 kilomètres, finissant même second d'une ronde de la Giraglia. Jacque
s Panciatici est parvenu durant la saison 1984, à se hisser à la seconde place du championnat au volant d'une simple Alfa Romeo groupe N.

Didier Auriol a su, en 3 ans, se faire un nom et représente aux yeux de beaucoup, l'espoir numéro un parmi les nombreux talents que recèle « la relève». Didier ne possède pourtant aucune fortune et ce qu'il a bâti en si peu de temps, il ne le doit qu'à son talent, à sa volonté, à sa clairvoyance. On pourrait citer ainsi bien d'autres exemples prouvant qu'une infériorité matérielle n'est pas forcément un handicap insurmontable...
Il faut savoir ce qu'on attend de ce sport. Veut-on gagner? Devenir un champion ? Un professionnel ? Ou simplement participer, se faire plaisir, se battre le mieux possible mais sans illu- sions, avec les moyens limités dont on dispose?

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